lundi 16 octobre 2017

Le vieux qui lisait des romans d’amour


Luis Sepulveda - Le vieux qui lisait des romans d’amour - Points - Editions Métailié







Sur le quai d’El Idilio, un petit village de l’Amazonie équatorienne, des indiens Jivaros ramènent le cadavre d’un chasseur blanc. La coupable est une femelle jaguar rendue folle par la mort de ses petits tués par le gringo. Quelques temps plus tard l’animal  récidive en s’attaquant à des touristes. Le maire de la localité demande alors à Antonio José Bolivar, un vieil homme qui a longtemps vécu dans la forêt amazonienne, de participer à une battue.


Le vieux, ainsi le surnomme t’on, vit seul dans une cabane de fortune, depuis la mort de sa femme. Il occupe son temps en lisant des romans à l’eau de rose ou en récupérant du venin de serpent qu’il revend à des laboratoires pharmaceutiques. Le couple pensait s’établir, à l’instigation de leur gouvernement, comme agriculteurs dans l’un des bras du fleuve. Les pluies continuelles ont eu raison de la santé de son épouse et de leur projet. Sauvé par les indiens Shuars, Bolivar vit désormais reclus et s’attaque à contre cœur à la traque du fauve.


Premier roman de Luis Seiulveda, l’histoire du « vieil homme et la forêt » selon l’heureuse expression du préfacier, n’a pas à rougir de l’illustre comparaison avec le romancier américain. Le récit démarre avec la truculence d’un film de John Ford et s’achève dans l’atmosphère d’un Délivrance de John Boorman. Cette narration colorée, heureuse, n’élude pas le constat d’une humanité cruelle dont l’appréhension simpliste et destructrice du monde s’oppose à la compréhension complexe de la faune et de la flore de la jungle. Dégoûté des hommes, Bolivar ne cède pas cependant à l’appel de la forêt, dont pourtant, à l’exception des indiens Shuars, il reste le meilleur connaisseur. Il méprise les chasseurs, qui masquent leur peur en massacrant de petites proies, car eux-mêmes sont méprisés par les grands prédateurs. C’est pourquoi il choisit le moyen terme des livres qui seuls rendent la compagnie des hommes fréquentable.


Le vieux qui lisait des romans d’amour est enfin un ouvrage militant dédié à la mémoire des défenseurs de l’Amazonie.  On adhère bien volontiers au combat de Luis Sepulveda, tant pour le propos que pour l’éclat d'un texte magnifique. Un chef d’œuvre d’une centaine de pages rehaussé par la traduction de François Maspero himself et dans cette édition par une couverture somptueuse.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Roman dépaysant de Sépulveda, veritable ode a la nature;
J'ai passé un bon moment avec ce vieux qui lit des romans d'amour
le vrai,celui qui fait souffrir (antidote à la vieillesse)

En revanche,il ne m'a pas rappelé Santiago du "Viel homme et la mer"

Laurent a dit…

Merci de rendre hommage au traducteur;on les oublie trop souvent.