dimanche 29 novembre 2015

Philip K. Dick goes to Hollywood



Léo Henry - Philip K. Dick goes to Hollywood - Actusf


« Des fois je me dis que j’aurais du rester avec Yoko. J’aurais fini de pisser vert à force de manger macrobiotique » J L





Léo Henry nouvelliste remarqué et remarquable publie aux éditions Actusf un petit recueil de fictions offert pour l’achat de deux volumes. Il serait dommage de passer à côté, d’autant que le catalogue propose tout un tas de textes intéressants de Sylvie Lainé à Roland Wagner en passant par Georges R. R. Martin etc. Au pire suppliez l’éditeur ou fauchez le.


Invoquant les mânes du grand P K. Dick, Léo Henry se livre aux délices de l’uchronie et de la parodie. Evénements culturels, personnages contemporains passent à la moulinette sans coup férir avec un souci de documentation étonnant, qu’il s’agisse d’anecdotes échiquéennes sur la vie de Bobby Fischer ou le cinéma avant-gardiste soviétique. En citant ce dernier texte, je dois témoigner d’ailleurs d’un grand éclat de rire à la lecture des « règles de la nuit », non pas tant à cause de la nouvelle elle-même, mais en raison des restitutions Google associées à cet item. Plus sérieusement on peut voir, pourquoi pas, dans l’élaboration de ce titre, une compression inconsciente à la César de La règle du jeu de Renoir et des Portes de la nuit de Carné. Quant au récit, un peu à la manière de Borges, l’auteur évoque un film imaginaire d’un auteur bien réel.


Sans faire injure aux autres nouvelles « Meet the Beätles » et « Fe6 !! » constituent le plat de résistance de Philip K. Dick goes to Hollywood. La première raconte la longue carrière des Beatles après la mort de Paul Mc Cartney en 1967. Un point de départ uchronique inspiré par une rumeur bien réelle de l’époque. Certains fans étaient persuadés qu’un frère jumeau de Paul l’avait remplacé, ce qui aurait expliqué la baisse de qualité de sa production musicale. Dans le récit de Léo Henry, Lemmy Kilmister, bassiste de Motörhead dans notre espace-temps, succède au célèbre gaucher et oriente les compositions du groupe vers un rock plus musclé.Dans la foulée, les Fab Four participent au festival de Woodstock qui vire au cauchemar d’ Altamont, les Stones se séparent… On ne va pas tout dévoiler, mais ce texte est le meilleur « What if » écrit sur les Beatles.


« Fe6 !! » repose sur le postulat suivant : et si le champion du monde d’échecs américain Robert Fischer avait été une machine programmée ? L’alibi uchronique est en fait des plus minimes, car tout ce que décrit l’auteur est avéré, hormis le Klipoth instrument kabbalistique.Décrit tour à tour comme un sociopathe et un génie, la vie du prodige américain, mort à 64 ans soit le nombre de cases d’un échiquier, se prête à toutes les interprétations.


Un peu en retrait, « Philip K. Dick goes to Hollywood » raconte sous forme épistolaire la difficile élaboration de Blade Runner qui passe successivement des mains de David Lynch à celles de Cronenberg. « No se puede vivir sin amar », titre issu du film Under the Volcano ressemble à un Tintin chez les Picaros qui se terminerait mal. Quant à « Interview » il confirme que, passé trois heures du matin,  Léo Henry est le Frank Zappa de la SF.





2 commentaires:

A.C. de Haenne a dit…

On est à 100% d'accord sur ce bouquin !

A.C.

Soleil vert a dit…

Et une couv sympa !