dimanche 15 novembre 2015

Kraken




China Miéville - Kraken - Pocket





Il avait tourné la tête vers l’autre côté des murs, vers cette étrange obscurité dans laquelle on ignorait les dieux, et où les souvenirs s’étaient mis en marche à la poursuite de l’avenir.


China Miéville occupe une place à la fois prépondérante et particulière dans l’univers de la fantasy. Le génie imaginatif de l’écrivain et la flamboyance de son écriture rallient tous les suffrages, attirent les lecteurs les plus exigeants mais peuvent décontenancer les amateurs de littérature de genre habitués aux poncifs. Chaque cycle ou roman inaugure une nouvelle approche, une nouvelle manière de raconter. A l’univers lovecraftien et à la luxuriance stylistique de Perdido Street Station ou des Scarifiés succèdent le borgésien The city and the city et maintenant Kraken, sorte de fantasy délirante dans le sillage de James Morrow.

Un calmar géant est dérobé au Muséum d’histoire naturel de Londres. A peine remis de la surprise de la disparition de son céphalopode préféré, Billy Harrow conservateur et spécialiste de mollusques en tous genres est enlevé par deux tueurs étranges au service du Tatoué, un chef de pègre. Alors qu’on l’interroge sur le vol du calmar, un employé du Muséum au service  d’une secte adoratrice du Kraken le délivre de ses geôliers. S’engage alors entre les  différents protagonistes, auxquels il faut ajouter une brigade policière  très « zarbi », une course poursuite …teuthologique.

Le met proposé était pourtant alléchant. Un Londres occulte, des personnages déjantés tels Goss et Subby, tueurs à la mine de papier mâché surgis du fond des âges, Anders Hooper, un commerçant qui pratique l’origami sur des êtres vivants ou des caisses enregistreuses,  ou Wati, un chaouabti, c'est-à-dire un serviteur funéraire égyptien … en grève. On retrouve en quelque sorte le bestiaire cher à l’auteur. Pourtant à l’approche de la 400 ème page…

La faute peut-être à une narration pas suffisamment nerveuse eu égard à la longueur de l’ouvrage (700 pages) et accumulant les décrochages, donnant l’impression au lecteur de sortir de l’intrigue. Le céphalopode brille par son absence réelle ou métaphorique. China Miéville aurait du ajouter à sa liste de lecture Les travailleurs de la mer de Victor Hugo. Dommage, on a l’impression qu'il est passé à côté d’un remake des Voies d’Anubis. Mention d’excellence une fois de plus à Nathalie Mège qui nous gratifie au passage d’un « encornet de glace », plus appétissant il est vrai qu’un calmar au formol.

5 commentaires:

A.C. de Haenne a dit…

J'avais adoré Perdido Street Station, qui reste à ce jour ma lecture la plus marquante (avec, peut-être, le Cycle de Cendre de Mary Gentle) et je vais bientôt pouvoir me plonger dans son tout dernier paru en français. Dommage pour celui-là !

A.C.

Soleil vert a dit…

Essaye peut-être Les scarifiés

A.C. de Haenne a dit…

J'ai Le Concile de Fer et The City and the City...

(et comment fait-on pour mettre en italique? ;-) )

A.C.

Soleil vert a dit…

Le i entre crochets au début du texte et /i entre crochets à la fin

A.C. de Haenne a dit…

OK, j'ai compris...

N'est-ce pas ? (en fait, il me manquait juste la barre pour fermer)

A.C.