dimanche 7 avril 2013

Voyage aux confins de l’univers


Poul Anderson - Tau zéro - Le Bélial’


Une notule pour signaler, après tant d’autres, l’existence de ce bon roman de Hard SF imprimé en France 40 ans après sa parution aux USA. Un texte qui vaut surtout pour sa pertinence scientifique digne d’un Clarke et l’imposant travail éditorial de l’équipe du Bélial’. Faut il le rappeler ? Dans les années 70 on vendait dans le domaine de l’imaginaire dix fois plus d’ouvrages qu’aujourd’hui mais le nombre d’éditeurs absolument respectueux des textes se comptait au nombre de doigts d’une main amputée des quatre premiers.

Le vaisseau Leonora Christina tente de rejoindre à des vitesses relativistes l’étoile Beta Virginis. Il embarque cinquante scientifiques chargés d’explorer une nouvelle Terre. Mais un accident de parcours le condamne à une accélération sans rémission. A la tête de l’équipage Charles Reymont, un gendarme (!) et le commandant en second se chargent de maintenir le moral des troupes, l’un par l’exercice d’une mâle autorité, l’autre en partageant sa couche avec les esprits défaillants. Une vision très seventies du management qui, pourquoi pas, mériterait une réévaluation à la lumière des drames récents survenus dans les entreprises.

Le pilotage de cet astronef de fous et les considérations sur les conséquences d’un voyage dans un univers relativiste constituent l’essentiel de l’intrigue (1). Le reste - la psychologie des personnages - est taillé à la serpe ou plutôt à la hache nordique. Si vous n’aimez pas la physique et la SF old school, passez votre chemin. Entre les explications de l’auteur et l’imposante postface de Roland Lehoucq vous serez servis. Méditez toutefois en page 188 les vers des Chant de Gurre de Jacobsen, inspirateur du roman de Poul Anderson, et surtout cet alexandrin extraordinaire : « Au tombeau ! au tombeau ! Nos rêves nous attendent  »

Le final évoquera aux plus anciens lecteurs celui d' Un coup de cymbale de James Blish. En tout cas le Bélial' poursuit avec bonheur la réhabilitation de la maison Anderson, même si tout de même Tau zéro avoue son âge.



(1) Thème abordé dans le récent film Interstellar

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