dimanche 26 janvier 2014

Le Demi-Monde - 2

Rod Rees – Le Demi-Monde Printemps – J’ai lu Nouveaux Millénaires






Retour au Demi-Monde de Rod Rees avec le deuxième volet d’un cycle de quatre volumes consacré à cet univers virtuel conçu pour préparer l’armée américaine aux conflits de type asymétrique en milieu urbain, et dont les protagonistes numériques échappent à tout contrôle. Un roman que l’on pourrait résumer par « enfin » et « ouf ». Enfin, car il fallu quasiment un an, le temps d’oublier le récit, pour voir arriver la suite et ouf de soulagement d’arriver au bout des 500 pages d’un texte cumulant situations et considérations caricaturales.


Rappel des faits. Le Demi-Monde est une simulation d’environnement de guerre élaborée sur un ordinateur quantique ABBA. Les doubles numériques des participants affrontent les armées des plus grands tyrans de l’Histoire. Ces derniers se partagent la gouvernance de 5 secteurs comprenant chacun 3 ou 4 villes, ou tout au moins leurs quartiers les plus représentatifs qui communiquent par des ponts.
L’esprit de la fille du président des Etats-Unis, Norma Wilson, est retenu prisonnier dans le monde virtuel. Reinhardt Heydrich, leader du secteur des Essaims, l’a capturée. Ce nazi numérique, non content d’espérer asseoir sa domination sur le Demi-Monde projette d’en faire autant sur le monde réel par l’intermédiaire de sa fille Aalys dont il transfère l’âme dans le corps de Norma. L’opération s’accomplit avec succès au début du second tome malgré l’intervention de Ella Thomas, dépêchée par le gouvernement des Etats-Unis.
Après la bataille opposant les nazis d’Heydrich aux habitants du ghetto de Varsovie dans le premier roman, le conflit se déplace désormais dans « Le quartier chaud » qui regroupe Paris, Venise, Rome et Barcelone. Le leader aryen y compte quelques alliés dont Robespierre. La doctrine de l’Impuritanisme (sexualité à tous les étages) régit les mœurs de ce secteur, à l’opposé du Non-hédonisme des Essaims. Enfilant des gros sabots de Texan moyen abonné au Moulin rouge, Rod Rees en fait d’ailleurs des tonnes sur les pratiques érotiques des Froggies. On en apprend heureusement un peu plus sur les dysfonctionnements d’ABBA. Vampi(y)res et Charismatiques noirs en sont la cause et en premier le professeur Septimus Boyle, concepteur d’ABBA de mèche avec Heydrich. Quant à Ella Thomas, soumise à une séance de chaise électrique elle se transforme en une entité incontrôlable Lilith.

Autant le premier tome attirait la sympathie avec notamment la recréation d’événements historiques de la seconde guerre mondiale dans une ambiance steampunk, autant le second volume vire à la bouillabaisse historique. Le vernis steampunk justement cède la place à un roman-feuilleton, ponctué de rebondissements miraculeux et pas très spectaculaires. Quelques invraisemblances demeurent. Pourquoi Ella Thomas ne profite t’elle pas de ses droits d’accès au logiciel ABBA pour démantibuler Les Essaims ? Pourquoi son esprit n’est il pas rapatrié après le transfert de la fausse Norma ? En revanche l’émergence d’Aalys Heydrich dans le monde réel suscite l’intérêt et peut justifier la lecture du prochain volume.

Portons à l’actif de l’auteur, son souci d’énerver le récit et quelques personnages enlevés comme Burlesque et Odette, suffragette au sein nu tout droit sortie du tableau d’Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuple. Mais bon en matière de steampunk et d’érotisme autant se reporter sur La machine à différence de Gibson et Sterling. Le Demi-Monde version 2 est en définitive un roman de gare rehaussé par le beau travail éditorial de Thibaut Eliroff.

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