samedi 3 septembre 2016

L’affaire Jane Eyre



Jasper Fforde - L’affaire Jane Eyre - 10/18








« Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu’une brigade spéciale a du être créée pour s’occuper d’affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l’origine des plus folles inventions, on a parfois envie d’un peu plus d’aventure. Ainsi lorsque Jane Eyre l’héroïne du livre fétiche de Thursday Next est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Bronte d’une mort certaine. »

Jasper Fforde est un auteur britannique qui a travaillé dans l’industrie cinématographique avant de se lancer dans la littérature. Son premier coup d’essai L’affaire Jane Eyre fut en quelque sorte un coup de maître et remporta un vif succès commercial. S’en suivirent sept autres récits à ce jour, bâtis autour du personnage de Thursday Next.

En témoigne le 4e de couverture, cet ouvrage fou fou fou  mélange allègrement les genres. C’est d’abord une uchronie dans laquelle le moteur à réaction n’a pas été inventé, où les dirigeables côtoient les avions à hélice. Dans ce monde entièrement dévoué à la littérature, le célèbre roman de Charlotte Bronte a une fin différente : Jane Eyre n’a pas épousé Mr Rochester. Cerise sur le gâteau, les dodos ont fait leur réapparition (grâce à l’ingénierie génétique). En background du récit, Fforde évoque une guerre interminable opposant anglais et russes en Crimée. Elle a laissé de nombreuses traces chez les protagonistes en particulier chez l’héroïne de ce récit qui a perdu un frère dans le conflit.

Thursday Next appartient à une catégorie « d’agents très spéciaux », les OpSpecs qui œuvrent dans des domaines aussi variés que la traque des faux littéraires ou le colmatage des failles temporelles. Sous cet angle, L’affaire Jane Eyre se rappellera aux bons souvenirs des amateurs des X files ou des Men in black. Mais au delà de l’intrigue policière (on notera que l’oncle de Thursday se prénomme Mycroft), l’oeuvre de Jasper Fforde rejoint le courant plus général du non sens anglais qui va du Dr Who aux fantasy débridées de Terry Prachett.

Cela donne l’invention des asticots synonymiques, appelés aussi vers correcteurs, qui s’empressent de régurgiter du texte aussitôt qu’on leur abandonne un manuscrit, ou d’un portail donnant accès à l’intérieur des livres. Une opportunité dont se saisit le maléfique Achéron Hadès qui dérobe l’appareil en question ainsi que des originaux de Dickens et Bronte menaçant de modifier l’histoire littéraire à tout jamais.

La réussite majeure de ce page turner tient aux savants amalgames d’une imagination débridée, d’une intrigue policière à laquelle rien ne manque, y compris les conflits entre services rivaux, d’un humour dévastateur, et surtout grâce à ce détective, femme à la fois pugnace et fleur bleue, confrontée à un choix cornélien entre amour et honneur.

2 commentaires:

Christiane a dit…

Superbe document. Merci.

Soleil vert a dit…

C'est une espèce de jeu littéraire dont les Anglo-saxons raffolent, de vertige, dont le maitre mot est plaisir
Bien à vous

SV