lundi 18 juillet 2016

La Troisième Balle



Leo Perutz - La Troisième Balle - Zulma







Premier roman publié par Leo Perutz, La troisième balle a pour cadre la conquête du Nouveau Monde par Cortez. Il raconte l’affrontement de deux hommes, le duc de Mendoza et Franz Grumbach, présentés comme des fils « batards » de Charles Quint. Le conflit, dont le point de départ est un duel au cours duquel l’ami d’un des protagonistes succombe, prend un tour idéologique, le rhingrave allemand prenant fait et cause contre les Espagnols, en faveur de la Réforme et des indiens de Montezuma.

Si l’auteur déroule le canevas historique des opérations militaires des troupes de Charles Quint, le corps du récit prend en revanche une tournure singulière que l’on retrouvera dans les œuvres suivantes de Perutz. En lieu et place de la progression narrative propre à ce genre épique, l’auteur aligne, juxtapose une série de scènes où à chaque instant le fil de l’intrigue semble se rompre et prendre une direction uchronique. Comme l’explique le 4e de couverture, le réel et l’imaginaire ne cessent de se télescoper, plongeant le lecteur dans un rêve éveillé.

Le Diable, convoqué tour à tour par les personnages, mène la danse. Peut être faut il y trouver l’explication de ces caractères à la limite de la caricature, tour à tour exaltés ou taciturnes comme issus de fabliaux ancestraux. Les indiens surgissent timidement de l’arrière plan narratif. Les mésaventures de l’un d’entre eux donnent l’occasion au romancier d’exploiter une palette inédite que n’aurait pas reniée l’auteur des Nouvelles orientales.  Capolca , maître des statuettes du grand roi Montezuma a charge de « sculpter » – on dirait aujourd’hui photographier – tous les grands évènements du Royaume. Il apporte à son souverain des représentations en bois et cuivre de Cortez et de ses gens. Celui-ci lui demande de reproduire la fumée des arquebuses. Tandis qu’il s’interroge sur la façon de procéder, un espagnol blesse mortellement le sculpteur au cours d’une rixe : «Sur le moment, Capolca ne sentit pas qu’il était touché ; il était simplement très étonné et ravi de revoir le nuage de fumée s’échapper de l’arquebuse. Et il sut dans l’instant comment et en quelle matière il pourrait l’imiter : avec le duvet que certains oiseaux des étangs portaient autour du cou et qu’il avait vus souvent dans les marais du nord de la ville. Et il se souvint que ce duvet avait naturellement la couleur du nuage de fumée : il était blanc, gris pâle et vert. Et il s’en réjouit. Puis il s’écroula »

Ces lignes remarquables donnent au lecteur la respiration nécessaire à la lecture d’un roman un peu long encore que doté d’une écriture d’une sûreté absolue.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Nous publions début octobre dans notre collection de poche Z/a La Neige de saint Pierre de Leo Perutz, traduit par Jean-Claude Capèle.

Il nous semblait que vous pourriez être intéressé par ce roman en vue d'une chronique sur votre blog. Si c’est le cas, nous serions ravis de vous en faire parvenir
un exemplaire !
Pourriez-vous nous communiquer votre adresse postale pour l’envoi ?

Je vous remercie par avance.

Bien à vous,
Katharina Schrenk, Éditions Zulma
18, rue du Dragon
75006 Paris
Tél. 01 58 22 19 90
Mail. info@zulma.fr
http://www.zulma.fr/