dimanche 1 juin 2014

Le Grand Vaisseau

Robert Reed - Le Grand Vaisseau - Bragelonne/Poche







Le Grand Vaisseau de Robert Reed, paru en 2006 chez Bragelonne, vient d’être édité cette année au Livre de Poche. Voici l’occasion de revenir sur un auteur dont les romans précédents ont fait honneur à la collection Ailleurs & Demain. La particularité de l’oeuvre de Robert Reed pourrait se résumer en un mot : l’originalité. La jungle hormone, La voie terrestre, Le voile de l’espace renouvellent les récits cyberpunk, ou des thèmes plus traditionnels comme les univers parallèles. Placé dans ce contexte, le space-opéra, ou tout au moins le premier volet du cycle proposé par Reed, détonne. Certes un grand écrivain comme Brunner a produit en dehors de sa Tétralogie Noire des textes de moindre envergure, de facture plus classique, mais non sans intérêt comme Le long labeur du temps ou Le creuset du temps.
Mais là Robert Reed propose au total un texte décevant.



Le Grand Vaisseau est une planète géante vagabonde créée dans un passé incommensurablement lointain par des créatures disparues. Nul ne sait d’où il vient et où il se dirige. Après une lutte forcenée avec diverses races aliens, les humains s’en sont emparé, l’ont colonisé et l’ont transformé en « navire de croisière » peuplé au fil du temps de milliards d’espèces intelligentes. Au centre de cette sphère vaste comme Jupiter, les Terriens découvrent un noyau métallique de la taille de Mars. La Maîtresse Capitaine y envoie une sélection de ses meilleurs collaborateurs. Mais ceux-ci se retrouvent prisonniers d’un monde de fer instable. Le retour à la surface s’annonce difficile. Ils disposent cependant d’un atout important : l’immortalité.



Les deux premières parties du roman qui traitent de la lutte pour la survie et l’évasion de Marrow sont les plus intéressantes. Comme le peuple végétal du creuset du temps de John Brunner, les immortels, qui entre temps se reproduisent, mettent en oeuvre un plan d’action s’étalant sur plusieurs générations. Une partie de leur descendance, les Indociles, s’y oppose et considère l’installation sur la planète de fer comme définitive. Voilà la question posée, typique de la science-fiction, et qui dépasse nos pauvres vies : peut on élaborer un projet sur 40 siècles ? Les effets sournois du Temps sur la perception du réel ont été démontrés par Brian Aldiss dans Croisière sans escale. Mais Miocène, ancienne adjointe de la Maîtresse Capitaine trouve une parade que n’aurait pas renié le même Aldiss.



La suite du récit s’avère beaucoup moins intéressante. Le retour de Miocène dans le Grand Vaisseau engendre mutinerie et contre mutinerie de façon assez théâtrale et incompréhensible pour le lecteur. L’histoire d’amour intemporelle – quel beau sujet ! - entre Pamir et Washen est ratée. Robert Reed a recyclé quelques textes passés ("Chrysalide", "Les Rémoras") en une espèce de pudding. Dommage.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très mauvais ce bouquin et vu le sujet manque sérieusement de souffle!