vendredi 11 août 2017

Silo



Hugh Howey - Silo - Babel/Le livre de poche







« Dans un monde post apocalyptique, quelques milliers de survivants occupent un silo souterrain de 144 étages. Presque tout  y est interdit ou contrôlé, y compris les naissances. Ceux qui enfreignent la loi sont expulsés en dehors du silo, où l’air est toxique. Avant de mourir, ils doivent nettoyer les capteurs qui retransmettent des images brouillées du monde extérieur sur un écran géant. Mais certains comment à douter de ce qui se passe réellement dehors. »

Surprise, la quatrième de couverture du premier tome de l’œuvre maîtresse de Hugh Howey a un goût de déjà vu. Les lecteurs chevronnés auront reconnu l’argument initial de La vérité avant-dernière de P. K Dick. Cependant le pitch de l’auteur de Phare 23 s’écarte de l’entreprise paranoïaque de son illustre aîné, inspirée par la Guerre Froide, pour s’orienter vers un récit post apocalyptique. Thématique oblige, on retrouve le concept du Mensonge Fondateur - après tout il faut bien tenir cette Humanité en conserve - ainsi que les rituels morbides de Quant ton cristal mourra du duo Johnson/Nolan. D’autres écrivains comme Heinlein ou Aldiss ont aussi transposé ce thème du confinement dans des arches stellaires. Bref, pourquoi ne pas revisiter l’ensemble ?

L’Humanité imaginée par Hugh Howey vit dans un silo enterré et découpé en plus d’une centaine d’étages. Une organisation moyenâgeuse règle la vie de cette communauté où chacun est assigné à une corporation de métier. Dans les secteurs inférieurs des Machines opèrent les ouvriers chargés de la production électrique, plus haut résident les Fournitures, le 34e étage abrite le DIT et ses serveurs informatiques. Au sommet vivent et travaillent le Maire, le shérif et son adjoint. Quant aux morts, ceux qui échappent à l’expulsion et au rite du nettoyage sont recyclés dans les jardins hydroponiques du 50 ème. Tableau d'un monde figé et sans espoir obnubilé par l'impératif de survie.

Les morts ou plutôt les décès se succèdent justement au début du roman. Le shérif Holston décide de partir rejoindre sa femme Allison suicidée trois ans plus tôt après avoir semble t’il approché quelques secrets bien gardés du silo. C’est au tour du Maire Jahns de périr empoisonnée. Ne supportant pas sa disparition son vieil ami le sheriff adjoint Marnes se pend.
Au milieu de cette hécatombe Juliette une jeune femme des Machines pressentie par Jahns pour succéder à Holston se heurte à l’opposition de Bernard le responsable du DIT. Leur affrontement et la mise en lumière de la situation véritable de l’Humanité vont dicter le reste du récit.

Hugues Howey en remonterait à beaucoup sur la description de groupes sociaux, la mise en place des personnages, toutes choses fondamentales en littérature générale (1). Sa vision d’une Humanité prisonnière et souffrante émeut. Mais ce genre de fiction au final prévisible (Ah bon les humains peuplaient la Terre avant) nécessite de mettre un peu de vie, d’imprévu voir de vertige dans la narration. Il faut hélas attendre 300 pages, sur les 700 pour atteindre cet objectif.

Silo, si long.





(1) littérature axée sur« les problèmes aigus de la société et le vécu intime des individus » selon l’expression de Francis Berthelot

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